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Zomia ou l'art de ne pas être gouverné. Une histoire anarchiste des hautes terres d'Asie du Sud-Est
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Détails sur le produit
Poche: 768 pages
Editeur : Points (29 mai 2019)
Collection : Points essais
Langue : Français
ISBN-10: 2757878239
ISBN-13: 978-2757878231
Dimensions du produit:
10,9 x 3,4 x 17,9 cm
Moyenne des commentaires client :
4.7 étoiles sur 5
4 commentaires client
Classement des meilleures ventes d'Amazon:
36.546 en Livres (Voir les 100 premiers en Livres)
Cet hiver j’avais découvert le travail de Scott dans « Homo domesticus » et même si tout ne m’avait pas forcément séduit dans ce livre (une deuxième partie assez confuse) j’avais beaucoup apprécié sa vision iconoclaste de l’histoire de l’humanité et les réflexions qu’elle provoquait.Je me suis donc lancé dans la lecture de « Zomia » énorme pavé qui nous plonge dans les zones montagneuses de l’Asie du Sud Est. Là , plus qu’ailleurs dans le Monde, a subsisté, et subsiste encore un peu, un univers réfractaire à l’étatisation. Un véritable laboratoire à ciel ouvert de ce que fut l’histoire des hommes pendant la plus grande partie de son existence. Protégé par les reliefs, on résiste depuis toujours en « Zomia » contre les états chinois, viets, birmans et thais dans un continuel ballet de populations entre les basses terres étatisées et les collines « barbares ». On retrouve le thème de « Homo Domesticus » qui faisait de la céréale l’arme principale des états avec cette fois ci le riz et ses champs irrigués à la place d’honneur. Mais le livre va beaucoup plus loin et beaucoup plus dans le détail en ce qui concerne la description des sociétés des hautes terres, refuges et espaces de libertés de peuples aussi divers qu’instables.Zomia est de fait une véritable ode à la montagne, au maquis mais aussi aux deltas, aux bayous, à toutes ces zones de fuite, d’exil. Zomia est le plus grand et dernier bastion mais l’auteur n’oublie pas de parler d’autres peuples et zones qui ont reproduit ces schémas dans leur histoire (l’Asie Centrale et Himalayenne, Malaisie intérieure et d’archipels, Philippines, Ecosse, Irlande, Jungles américaines, Cajuns, Tziganes, Cosaques, « marrons » des Amériques et d’Afrique… ). Une ode à la vie sur la frontière, dans tous les sens du terme, entre les états, hors des états, à la frontière de la « civilisation », hors de l’Histoire. L’auteur déroule au fil des chapitres et en nous faisant découvrir la multitudes des peuples de la région (Hmongs, Karenes, Laos, Miaos, Kachins, Lahus… ) tout ce que ces hommes ont mis en place pour sortir de l’emprise des Etats des plaines tout en insistant sur les vas et viens continus entre ces deux mondes. Le peuple des collines va être assimilé de grés ou de force (souvent l’état des basses terres est esclavagiste), il va être intégré, absorbé mais dès que l’Etat va surexploiter sa main d’œuvre, il va fuir en masse dans les collines pour échapper aux impôts, aux guerres, aux épidémies. Et chaque vague de créer un nouveau « peuple » qui va s’installer dans sa propre niche écolo-économique. « Pour vivre heureux vivons cachés », c’est avant tout cela que cherchent ces hommes qui souvent abandonnent volontairement les moyens d’être tracés, reconnus. Pas d’écriture, pas d’histoire, pas de villes ni de monuments, pas de champs permanents. Leurs atouts : L’espace, la mobilité (cueillette, culture sur brulis…), les cultures discrètes (tubéreux), des groupes réduits, familiaux, sans structures ou hiérarchies complexes. Fluidité, adaptation, pragmatisme. Echapper aux étiquettes, au comptage, aux mesures.Ce qui ne veut pas dire vivre reclus. On parle là de sociétés particulièrement ouvertes, clés de tous les commerces, de tous les trafics, où l’on est multilingues, multi ethniques, où cohabitent les descendants de cent fuites, de cent défaites, de cent révoltes qui mélangent leur sang, leurs coutumes, leurs légendes. C’est en bas que règnent le contrôle, la standardisation, l’administration, les classes, les castes. En haut, dans les collines rien n’est figé. On est en terre rebelle, comme Robin dans ses bois. On pense aux Kurdes, aux Pachtouns, au Vercors, aux Acadiens, aux Berbères, aux « Nègres marrons » du Surinam, aux Séminoles… On recolle des morceaux glanés à droite à gauche dans son propre parcours intellectuel, on reconsidère certains épisodes de l’histoire. Oui une fois de plus Scott secoue très fort les concepts qu’on croyait inamovibles de l’histoire des hommes, celle écrite par les Etats, pour les Etats. Anarchiste Scott ? Sans doute. Mais surtout très lucide et très solide tant dans ses analyses que dans l’énorme bibliographie qu’il attache à son travail. Je n’ai pu manquer de me dire que la liberté des ces peuples est le facteur nécessaire à leur égalitarisme, qu’elle en est la source. La liberté créé l’égalité, quand « en bas » le totalitarisme des Etats, fort ou faible, construit des hiérarchies figées. Pas besoin de chercher des utopies modernes, le contre poison de nos sociétés existe, là -haut, encore un peu mais j’espère encore pour longtemps. « Montaineers are always free » la devise de la Virginie Occidentale ne m’a jamais paru aussi pleine de sens. Courage, fuyez, prenez le maquis ! Et Lisez Zomia !
une excellente étude pour sortir de notre conception "Etat-centrée" de l'encadrement des sociétés modernes ; le livre pourrait être un peu plus court car l'auteur n'hésite pas à se répéter.
En fuyant vers une région de semi-altitude appelée Zomia pour la facilité du discours, diverses populations d’Asie du sud-est échappaient aux pouvoir de leurs Etats d’origine et de leur capacité à appliquer les marques habituelles de sujétion, impôt corvées et conscription. Cette migration n’aurait en soi rien de très original si dans ce cas précis les populations ne limitaient pas leur rejet aux seuls Etats mais interdisaient toute autre forme de hiérarchie dans leur nouvel espace lui substituant un système d’autogestion apparemment librement consentie. C’est le rêve proudhonien de l’ordre sans le pouvoir devenu réalité, ou mieux encore, l’incontournable et jusqu’à lors irréalisable article premier de la constitution d’une société parfaite telle que la conçoit l’utopie. Cette perspective est d’autant plus passionnante que nous ne sommes pas ici dans l’hypothèse, ni même dans l’expérimentation utopique de faible amplitude à la Cabet, Fourrier, Owen ou Godin, mais bien dans une réalité plus que millénaire et qui touche aujourd’hui encore près de cent million d’individus. Autant dire alors que c’est avec avidité que nous attendons de savoir par quel miracle ce qui fut chimérique de tout temps et en tous lieux, fut ici simple routine.C’est justement dans ce quotidien que se nichent les petites disputes de voisinages toujours prêtes à envenimer le rapport social dont la propriété, ou du moins possession réelle ou symbolique, l’autorité familiale, les systèmes de lignages de filiation, la répartition et utilisation des espaces communs et d’une manière générale l’avidité et la jalousie, sont les sources. . Hélas, l’auteur a d’autres marottes que les nôtres et contourne le sujet pour fixer son attention sur l’opposition entre le cru et le cuit, entre l’agriculture quasi opportuniste sur brulis et la riziculture irriguée de plaine. On l’aura donc compris, entre la barbarie de Zomia et la civilisation des Etats. Décevant ! Sauf que de manière insidieuse l’auteur réussit à attirer notre attention en confrontant les divergences d'effets entre transmission orale ou écrite de la tradition. Si l’absence d’écriture limite la formation de l'histoire d'une communauté à un consensus mythologique, elle offre en revanche la plasticité et la réactivité indispensable à des peuples en situation instable. A l’inverse l’histoire écrite devient une forme de contrat notarial qui enchaîne les générations à des contextes souvent devenus obsolètes. De ce point de vue l’histoire est un outil rigide au service de la conservation de la propriété. Elle n’est pas seulement écrite par les vainqueurs comme on le sait déjà , mais bien pour les vainqueur.Abandonnant le champ de l’utopie, la démonstration poussée dans ses retranchements pose un regard suspicieux sur la civilisation qui au lieu d’être la marque d’une humanisation de la société devient une forme sophistiquée de soumission à un ordre d’autant plus pervers qu’il peut atteindre pas les chemins anodins des normalisations et réglementations les formes les plus insidieuses de l’autoritarisme et du fascisme. Zomia est le contre-courant qui réinstalle la décision à une relation de proximité, un contre-pouvoir à une mondialisation dont la finalité est une globalisation de la norme au service de desseins hégémoniques.D’autres perspective inattendues sont ouvertes dans cette étude en particulier avec un long arrêt sur le phénomène du messianisme, nous laissant entendre qu’il pourrait être un système de cristallisation de revendication sociale en l’absence d’organisation politique construite ou de maturité civique d’une population peu habituée ou dans l’impossibilité de manifester ses exigences.Nous n’avons donc pas de réponse à notre questionnement sur l’utopie. L’argumentaire de l’auteur tournant souvent en boucle décourage notre attention, aussi est-il possible que nous ayons «sauté» quelques données sur le sujet. Cependant ouvrant la réflexion vers d’autres directions cet essai présente un intérêt indéniable et se classe dans le genre rare de ces lectures qui nous amènent à une autre façon de voir. Il est dans cette lignée des œuvres qui nous poussent à nous défier des Etats se prétendant adeptes des « valeurs » humanistes (lire : Grandoria ) avec la même vigilance que nous nous méfions des idéologies qui rêvent d’une autoroute libérale pour en faire à leur guise (lire : La Grève : Atlas Shrugged). C’est pourquoi en dépit de cette lourdeur je laisse cinq étoiles à cet ouvrage en espérant d’autres commentaires. En tous cas, une étude bien à part.
Tout se passe dans la Zomia cette zone montagneuse du sud est asiatiquec'est une réflexion sur les états agricole leur difficulté à détenir un véritable pouvoir coercitif
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